3. Quelques cas individuels (et progrès)
3.1. Arsen
Arsen (à gauche) et Arthur (à droite)
Il est venu ici avec sa tante (qui est restée pendant tout le séjour mais qui n’est pas intervenue – par exemple, en s’opposant à quelque chose) et elle était très déprimée au début, à propos de l’avenir de son neveu.
En fait, il n’y avait aucun problème avec ce garçon. Il est « différent », c’est sûr, mais il peut réussir à faire sa propre vie à sa façon. Il m’a même surpris, quand nous sommes allés en ville un jour, en réussissant à convaincre un employé d’un équipement récréatif de le laisser entrer sans payer (il était seul avec moi, depuis quelques minutes). Même sa tante a été étonnée (elle est arrivée plus tard).
Arsen a réussi à convaincre le caissier de cette chose de le laisser entrer sans payer.
(Il l’a fait si rapidement que nous n’avons même pas eu le temps d’envisager de payer.
J’étais avec lui, sa tante et Adiyar, dans la ville d’Almaty.)
Il est bon de faire beaucoup d’expériences différentes.
Lorsque vous arrêtez de considérer que les gens sont « déficients » et de les traiter « en conséquence » (avec un état d’esprit « supérieur »), alors les bonnes surprises peuvent commencer…
Au début, sa tante ne pensait qu’à des choses comme la « maladie » et la « honte ».
Mais pendant le camp, elle a complètement changé d’état d’esprit, en voyant son neveu sous un nouvel angle, en voyant les autres enfants autistes et leurs progrès, en voyant les qualités d’Arsen, en voyant aussi mon propre exemple, et l’exemple d’Adiyar (lire la suite).
Le plus gros problème d’Arsen est – sans surprise – le comportement stupide de moquerie et d’intimidation des autres enfants à l’école. J’ai essayé de faire de mon mieux pour lui expliquer qu’il ne devrait pas faire attention à tout cela, et comment il peut éviter d’être victime du jugement des autres (surtout s’ils sont stupides…), en comprenant simplement que de tels jugements ne valent rien et donc qu’ils peuvent et doivent être ignorés. Je ne sais pas s’il l’a vraiment compris (il est jeune) mais sa tante l’a certainement fait, et j’espère que les choses iront mieux pour cette famille.
Il était également très heureux de jouer avec Arthur (et vice-versa).
C’était agréable de voir ces « deux amis autistes » profiter de la vie, de l’été, se balancer, rire ensemble.
Arsen (à droite) et Arthur (un autre enfant autiste, à gauche), se balançant
Arsen (à gauche) et Arthur (à droite)
(Ils sont rapidement devenus de bons amis, et l’idée de critiquer de juger leur comportement « différent » n’existait tout simplement pas là-bas, dans l’atmosphère du camp.)
Si Arsen ou Arthur avaient été le seul enfant autiste, il se serait probablement senti seul ou « comme un mouton noir », comme je l’ai expliqué ci-dessus. Et aussi s’il n’y avait eu que des autistes dans le camp (et, pourquoi pas, des infirmières… (pour donner des médicaments ! qui n’étaient même pas « pensiables » chez nous)) alors l’ambiance aurait été moins ludique, et plutôt stressante : ça aurait été l’approche habituelle ségréguée et « défectuologique », et c’est tellement facile à comprendre que ça ne peut pas marcher…
Comment les enfants (ou les adultes) s’épanouiraient-ils dans ce genre d’environnement? Cela n’a pas de sens.
Il faut laisser les choses se passer naturellement, respecter la nature de la personne, ce qui n’empêche pas d’éduquer, mais d’éduquer sans « formatage ».
Arsen (dans le coin inférieur droit)
Et récemment, on nous a dit qu’Arsen voulait revenir l’année prochaine. Il a raison !
En effet, il est facile de comprendre que pour un enfant qui est généralement rejeté et moqué, ce séjour de 10 jours où il n’a été ni rejeté ni même « ostensiblement accepté » mais simplement libre d’être lui-même, et en plus d’avoir des amis, était presque « paradisiaque » (avec en prime tout l’environnement naturel, parfaitement cohérent avec notre approche naturelle, ou vice versa).